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La prudence est de mise face à un marché boursier concentré et des élections à haut risque

juillet 17, 2024 - 5 Temps de lecture

Malgré des prix élevés et des performances très concentrées au premier semestre, le marché boursier américain offre néanmoins des opportunités pour les investisseurs axés sur la valeur et les convictions comme Harris Associates, convaincus du bien-fondé de leur processus d’investissement et à même d’éviter les incertitudes politiques qui pèsent parfois sur les marchés.

En outre, la pandémie a quelque peu brouillé les repères temporels et il devient difficile de se rappeler si un événement est survenu en 2020 ou en 2021. L’évolution des actions depuis le début de l’année n’échappe pas à ce phénomène. Le calendrier a beau indiquer « 2024 », compte tenu des mouvements du marché et des gros titres derrière ces variations, il est compréhensible que les investisseurs puissent se demander si nous sommes encore en 2023 : des marchés étroits, l’obstination de l’inflation, des taux d’intérêt élevés et la question de savoir quand les banques centrales vont enfin commencer à réduire leurs taux, sans compter les conflits au niveau mondial et une myriade d’autres préoccupations.

L’année dernière, le nom « Magnificent Seven” » a pris le relais des FANG et FAANG précédents pour désigner les leaders du marché. Ces sept valeurs ont contribué de manière disproportionnée au rendement global du marché, mais l’on s’attendait à ce que l’élargissement des performances positives observées au quatrième trimestre du marché soit un signe avant-coureur pour 2024. Or, depuis le début de l’année, la situation est plutôt à l’opposé.

Jusqu’au 30 juin, cinq titres seulement ont généré environ 55 % des performances positives de l’indice S&P 500 pour l’année. Si l’on regarde de plus près, un seul titre représente près d’un tiers des performances globales du marché et trois titres seulement ont été nécessaires pour alimenter 86 % de l’appréciation du marché au deuxième trimestre. Il s’agit du marché le plus concentré que nous ayons vu depuis au moins 20 ans, d’après Fidelity.

Si l’on compare les performances du rendement total du S&P 500 (dans lequel chaque titre est pondéré en fonction de sa capitalisation boursière) à celle de son cousin à pondération égale, nous pouvons constater un différentiel de 10 points de pourcentage sur six mois. Seules 25 % des actions composant le S&P 500 ont fait mieux que l’indice à ce stade, et l’action moyenne n’a progressé que de 5,1 %. L’élargissement auquel nous avons assisté fin 2023 n’a pas survécu à la nouvelle année.

Dans un monde plein d’interrogations, la question est alors de savoir à quoi ressemblera l’avenir, tandis que le marché a atteint un niveau record ? En somme, le passé ne présage pas toujours du présent et les performances passées ne garantissent en rien les résultats futurs. Cela dit, nous avons déjà vu ce type de configuration et nous conservons notre confiance en notre processus et notre philosophie. Bien que la situation ne soit pas exactement la même, l’enthousiasme actuel pour l’intelligence artificielle (IA) rappelle la bulle Internet et les entreprises valorisées trois à quatre fois plus chères que le marché. Cela ne signifie pas que ces sociétés qui ont le vent en poupe pourraient connaître la même trajectoire que pets.com et d’autres sociétés du même acabit, mais cela semble plutôt suggérer que cette exubérance devrait être tempérée.

Lorsque l’on voit le S&P 500 se négocier à près de 23 fois les bénéfices prévisionnels de 2025, il semble qu’il soit mal évalué, voire surévalué, essentiellement en raison du fait que le haut du marché se négocie à des multiples de bénéfices aussi élevés. Il est clair que certaines des sociétés à fort potentiel de 2024 faisant grimper les prix du marché peuvent et verront augmenter leur multiple d’EBE. En effet, cela s’est déjà produit auparavant. Néanmoins, l’expansion de ces multiples, qui résulte principalement de l’enthousiasme pour l’IA, doit s’accompagner d’un certain degré de prudence et choisir les futurs gagnants d’un secteur encore balbutiant n’est pas dénué de risques. Nous sommes ravis de détenir la société Alphabet. Cependant, nous nous sommes impliqués lorsque les dynamiques concurrentielles en matière de moteur de recherche étaient plus connues. Si nous avions investi plus tôt, nous serions encore plus satisfaits. Peut-être serions-nous plus déçus si nous avions supposé que Yahoo ou AskJeeves finiraient par devenir les champions de la recherche en ligne.

Par ailleurs, une forte valorisation sur le marché global ne signifie pas que nous manquons d’opportunités actuellement. L’indice S&P 500 à pondération égale est coté à seulement 15 fois les bénéfices, des titres moins chers sont donc disponibles pour les gestionnaires actifs qui peuvent ainsi capitaliser sur le marché à deux niveaux que nous avons connu ces 18 derniers mois. À titre de comparaison, notre portefeuille composite se négocie à près de 11 fois notre estimation des bénéfices de l’année prochaine et nous continuons à être proactifs en nous séparant des titres qui ont atteint notre estimation de la valeur intrinsèque pour privilégier des opportunités plus attractives.

Si l’ancien revient au goût du jour, peut-on dire que l’histoire se répète ? Il semblerait que la nouvelle variable majeure soit la politique mondiale, à savoir les élections à haut risque dans les grandes puissances économiques que sont la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Étant donné leur proximité géographique avec la plupart de nos clients, les États-Unis occupent tous les esprits, notamment concernant l’impact potentiel sur les investissements individuels.

Chez Harris Associate, nous nous concentrons sur l’évaluation des entreprises à travers le cycle politique et économique. Cela ne signifie pas que nous laissons de côté les machinations macroéconomiques ou politiques et leurs impacts possibles sur la valeur des sociétés, mais que nous devons nous concentrer sur ce que vaut une société sans donner une importance exagérée aux vents politiques en constante évolution provenant de la capitale.

Logiquement, les investisseurs s’attendent à une certaine volatilité sur les marchés en période d’élections majeures, particulièrement lorsque de vastes questions politiques tels que les droits, l’impôt sur les sociétés et l’environnement réglementaire des entreprises font l’objet de discussions. Par ailleurs, la volatilité est une opportunité, et laisser ses préférences personnelles pour un candidat influencer ses investissements ne peut conduire qu’à un rendement inférieur.

Les investisseurs ont toujours pris soin de laisser la politique en dehors de leurs portefeuilles. Par exemple, chaque président élu au cours des années 1900 et 2000 a connu une période de récession pendant son mandat, à deux exceptions près : Joe Biden, l’actuel président, et Bill Clinton. Clinton a échappé de peu à cette distinction peu enviable puisqu’il a quitté la Maison Blanche en janvier 2001 et que les États-Unis sont entrés en récession en mars de cette même année. Par ailleurs, chaque président depuis Herbert Hoover a exercé son mandat sur fond de marché baissier.

Ces anecdotes sont plutôt négatives (marché baissier, récession), mais il convient de noter qu’en dépit de ces défis qui ont émaillé chaque présidence, le rendement moyen de l’indice S&P 500 pour l’ensemble du mandat de tous les présidents de 1872 à 2023 a été de 28,8 % sur un mandat de quatre ans. Par conséquent, si la plupart des présidents ont connu une récession ou un marché en baisse, voire les deux, les investisseurs qui conservent leurs positions face aux divers environnements politiques sont récompensés. Enfin, selon une étude du New York Time portant sur la période allant de 1977 à mai 2024, les investisseurs qui ont choisi d’investir sans tenir compte du climat politique ont bénéficié de rendements de deux à dix fois supérieurs à ceux qui avaient choisi d’investir uniquement lorsque leur parti politique favori occupait le Bureau ovale.

Qu’ils soient circonspects en ce qui concerne la politique ou inquiets face à un marché concentré qui a déjà enregistré plus de 30 clôtures record cette année, il est naturel que les investisseurs fassent preuve de prudence. En privilégiant l’investissement dans un portefeuille diversifié et bon marché, et en donnant priorité aux fondamentaux, nous pensons que nous sommes bien positionnés pour l’avenir.

Harris Associates est une société affiliée de Natixis Investment Managers.

Rédigé le 30 juin 2024.

 

La mise à disposition de ce document ou la référence à des titres, secteurs ou marchés spécifiques dans ce document ne constituent pas des conseils ou des recommandations d’investissement ni une offre d’achat ou de vente d’un titre, ni une offre d’activité financière réglementée. Les investisseurs doivent dûment tenir compte des objectifs d’investissement, des risques et des dépenses de tout investissement avant d’investir. Les analyses, opinions, et certains des thèmes et processus d’investissement contenus dans le présent document reflètent uniquement les opinions du ou des gestionnaire(s) de portefeuille à la date indiquée. Ces informations, de même que la composition du portefeuille et les caractéristiques indiquées, sont susceptibles de changer. Rien ne garantit que les évolutions seront conformes aux prévisions du présent document. Les analyses et opinions exprimées par des tiers externes sont indépendantes et ne reflètent pas nécessairement celles de Natixis Investment Managers. Les informations concernant les performances passées ne garantissent en aucun cas les résultats futurs.

 

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